Les Nations unies ont révélé cette semaine l’ampleur alarmante des massacres perpétrés dans le Soudan du Sud. D’autres exactions sont à craindre puisque rien ne laisse présager une trêve dans les combats.
Il a fallu aux observateurs des Nations unies plusieurs jours pour reconstituer, grâce à des témoignages, les évènements qui ont suivi la prise, le 15 avril, de Bentiu, par les rebelles de l’ancien vice-président Riek Machar.
Le coordinateur humanitaire de la Minuss,( mission des Nations unies au Soudan du Sud), a rapporté des entassements de corps, en grande majorité des civils, dans les rues de la ville, capitale de l’Etat pétrolier d’Unité.Il estime le nombre de victimes à plus de 200 suite aux massacres perpétrés sur des bases purement ethniques. Les assaillants Nuers, de l’ethnie dont est issu Riek Machar, s’attaquaient à tous ceux qui n’appartenaient pas à leur groupe.
Un seuil a été franchi dans l’horreur, quand les rebelles s’en sont pris à des personnes réfugiées dans un hôpital et des lieux de culte, à la mosquée Kali-Ballee aussi bien que l’église catholique. Ces massacres seraient une réponse des rebelles Nuers aux exactions commises en janvier dernier, par les forces loyalistes dans la région de Leer. Aucun bilan de ces évènements n’avait pu être communiqué, et aucun témoin extérieur n’a pu avoir accès à cette vaste zone marécageuse.
Depuis le début des combats le 15 décembre 2013 à Juba, la capitale sud-soudanaise, les massacres interethniques se sont multipliés. Tout d’abord politique, l’opposition entre les troupes fidèles au président Salva Kiir et celles loyales à l’ancien vice-président Riek Machar, issus respectivement des ethnies Dinka et Nuer, est rapidement devenue ethnique.Les violences ne devraient pas s’arrêter de sitôt, les rebelles étant déterminés à s’emparer des champs pétrolifères, proches de la frontière avec le Soudan.