Appelés aux urnes vendredi pour les élections générales, le peuple Botswanais pourrait reconduire pour une énième fois Ian Khama à la tête de l’Etat.
Voici cinquante années que le Botswana Démocratic Party (BDP) règne sans partage au sommet de l’Etat. Cette hégémonie pourrait continuer à l’occasion des élections générales de ce vendredi. Dans ce cas, Seretse Ian Khama, devra briguer un nouveau mandat à la tête de l’Etat. Calqué sur le modèle parlementaire britannique, le Botswana depuis 1972 n’élit plus ses dirigeants au suffrage universel. Le chef de l’Etat est toujours issu du parti majoritaire, ce qui complique l’arrivée au pouvoir des partis minoritaires.
Bien que la limitation à deux mandats soit un principe constitutionnel inamovible, le chef de l’Etat pendant la durée de son mandat n’est pas responsable devant le peuple. Cette situation, inacceptable ailleurs, est pourtant aggravée par le remplacement d’office du chef de l’Etat par son adjoint en cas de vacance du poste présidentiel. Ainsi, au courant des derniers mandats, les chefs d’Etat ont quitté prématurément leur fonction en vue de laisser la place au vice-président qu’ils avaient coopté quelques temps auparavant. Certains spécialistes de la politique régionale affirment que «la personnalisation du pouvoir politique et la militarisation se sont intensifiés ces derniers temps ».
Avec autant de zones d’ombre, le Botswana rayonne outre atlantique pour sa « démocratie exemplaire ». La fondation Mo Ibrahim, du milliardaire soudanais, dans son indice 2014, a même classé ce pays troisième démocratie africaine derrière l’Ile Maurice et le Cap-Vert. Bien que les élections de ce vendredi semblent gagnées par le BDP, parti majoritaire, tout reste possible. Un récent sondage d’Afro barometer établit une régression possible de 15% du BDP, due aux affaires de corruption et au meurtre présumé de Gomolemo Motswaledi qui ont éclaboussé le parti qui a connu un recul de 5% aux dernières élections de 2008.