Le procureur-adjoint de la Cour pénale internationale s’est dit «déçu» lundi que l’Afrique du Sud n’ait pas arrêté le président soudanais Omar el-Béchir, accusé de génocide, alors qu’il participait à un sommet de l’Union africaine à Johannesburg.
« Nous sommes déçus qu’il n’ait pas été interpellé », a déclaré James Stewart, adjoint de la procureure Fatou Bensouda : « Notre position a toujours été que l’obligation incombant à l’Afrique du Sud est claire, elle devait l’arrêter ».
Omar el-Béchir a quitté lundi l’Afrique du Sud, faisant fi d’une interdiction de sortie du territoire prononcée la veille par un tribunal sud-africain. Il y était depuis dimanche pour un sommet de l’UA.
Le procureur-adjoint s’est toutefois voulu optimiste : «Au final, cela pourrait nous renforcer et ne constitue pas un revers comme certains pourraient le penser». C’est en effet la première fois que la justice d’un pays tente d’empêcher un chef d’Etat en exercice de quitter son territoire en réponse à une demande de la CPI.
La CPI, qui a émis un mandat d’arrêt international contre le président Omar El-Béchir pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans la province soudanaise du Darfour, avait demandé à l’Afrique du Sud, Etat membre de la CPI, de procéder à son arrestation. Dimanche, un tribunal de Pretoria lui avait même interdit de quitter le pays tant que la justice sud-africaine n’aurait pas statué sur son cas.
«Cela démontre qu’un mandat d’arrêt de la CPI signifie quelque chose», a soutenu Stewart : « c’est un travail de longue haleine et la patience payera ». Lundi, alors qu’Omar el-Béchir avait déjà quitté le pays, un tribunal sud-africain a estimé que le gouvernement sud-africain avait enfreint la Constitution en n’arrêtant pas le président soudanais.