Amnesty International a estimé mardi, dans un rapport, que l’Egypte s’est transformée en « Etat tout-répressif ». Selon cette ONG, plus de 41 000 personnes, dont bon nombre de jeunes, y ont été arrêtées depuis 2013.
Cette ONG internationale de défense des droits de l’Homme a choisi de publier ce rapport seulement quelques jours avant le deuxième anniversaire de la destitution du dirigeant islamiste, Mohamed Morsi. D’après Amnesty, l’actuel pouvoir égyptien s’emploie à tuer dans l’œuf toute contestation à l’endroit de son autorité : « les manifestations en masse ont été remplacées par des arrestations de masse et des jeunes militants croupissent derrière des barreaux, témoignant que l’Etat a régressé, pour devenir un Etat tout-répressif », accuse l’ONG. Tout en citant des activistes dans la défense des droits humains, Amnesty a parlé de plus de 41 000 personnes mises aux arrêts, inculpées de crimes ou condamnées à l’issue de procès injustes. Par ailleurs, cette ONG a fait état, toujours dans le même document, d’une nouvelle vague d’arrestations menée par les autorités égyptiennes en mi-2015, laquelle a abouti à un bilan d’au moins 160 personnes en état de disparition forcée. Amnesty s’en est également pris au silence de la communauté internationale face à cette situation. L’ONG a particulièrement décrié le comportement des alliés, y compris occidentaux, du pouvoir égyptien, lesquels, selon elle, se livrent à « une course à des activités commerciales lucratives avec notamment des ventes et transferts d’équipements policiers pouvant faciliter ces violations ».
Comme il fallait s’y attendre, les autorités égyptiennes n’ont pas tardé à réagir à ces accusations. Ainsi, le ministère des Affaires étrangères trouve que le document signé par cette ONG manque d’objectivité. De plus, la diplomatie égyptienne a déploré le fait qu’Amnesty ait volontairement omis d’évoquer les grâces présidentielles dont ont récemment bénéficié des centaines de jeunes.