Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a dénoncé les déclarations tenues sur l’Algérie par l’ex-président français, Nicolas Sarkozy, en les jugeant « malvenues » et en s’interrogeant sur un possible retour de la « pensée coloniale ».
A Tunis où il était en visite lundi dernier, le chef du parti français « Les Républicains» (droite) a déclaré à l’adresse des Tunisiens, qu’ils n’avaient « pas choisi (leur) emplacement » géographique entre l’Algérie qui a souffert de l’intégrisme dans les années 1990, et la Libye, actuellement en proie au chaos.
« Cette sortie (de Sarkozy) est malvenue », a déclaré Lamamra, dans une première réaction officielle algérienne aux propos de l’ex-chef de l’Etat français. « Il est tout à fait légitime de poser, à cet égard, la question de savoir si la pensée coloniale que l’histoire a complètement disqualifiée ne serait pas en train de tenter de se régénérer à travers des exercices stériles de manipulation de la géographie », a-t-il ajouté lors d’un entretien largement relayé samedi par plusieurs journaux algériens.
Le ministre algérien était interrogé à Paris en marge d’une réunion préparatoire à la conférence sur le climat COP21 prévue en novembre en France.
Les déclarations de Sarkozy ont provoqué une levée de boucliers en Algérie. La presse a estimé que la relation entre la France et l’Algérie, apaisée depuis trois ans, serait de nouveau conflictuelle si l’ancien président revenait au pouvoir.
La puissante Organisation nationale des moudjahidine (ONM, anciens combattants de la guerre d’indépendance) a affirmé dans un communiqué de presse,que les propos de Sarkozy étaient « une nouvelle marque de haine qui s’ajoute à la rancœur de cet homme contre l’Algérie ».
Durant le mandat de l’ex-président Sarkozy, entre 2007 et 2012, les relations algéro-françaises, ont traversé des zones de turbulence marquées par l’enterrement du traité d’amitié voulu par son prédécesseur, Jacques Chirac.
La première visite d’Etat de Nicolas Sarkozy en Algérie en décembre 2007, avait été précédée par une polémique provoquée par des propos de l’ancien ministre des Anciens combattants, Mohamed Cherif Abbas, qui avait évoqué le rôle du « lobby juif » dans l’arrivée de Sarkozy au pouvoir à l’Elysée.