Le président gabonais sortant Ali Bongo, n’est décidément pas encore assuré de passer un septennat tranquille, après sa réélection déclarée par la CENAP, au terme du scrutin du 27 août dernier.
Alors que les mouvements de contestation de sa victoire se poursuivent, avec leur lot de violences et de pertes en vies humaines dans le pays, les critiques des observateurs aussi affluent de l’extérieur.
Au nombre de ces critiques, celles de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne, qui, dans l’analyse des résultats définitifs de l’élection présidentielle au Gabon, déplore à nouveau, «une évidente anomalie dans les résultats finaux du Haut-Ogooué».
«Une analyse portant sur le nombre de non-votants et des bulletins blancs et nuls révèle une évidente anomalie dans les résultats finaux du Haut-Ogooué, qui a officiellement enregistré un taux de participation de 99,93% et a permis au président sortant Ali Bongo d’être réélu d’une courte tête», a indiqué l’observatrice en chef de l’UE, Mariya Gabriel.
Selon l’UE, les observateurs n’ont été autorisés à assister qu’aux annonces publiques des résultats provinciaux dans sept des neuf provinces. «Les résultats n’ont pas été annoncés publiquement dans le Haut-Ogooué, fief ethnique du président Bongo, où il a obtenu plus de 95% des suffrages, privant ainsi les parties prenantes de la transparence requise par la loi», ajoute Mme Gabriel.
Mariya Gabriel réitère donc son appel aux autorités gabonaises «à publier les résultats bureau de vote par bureau de vote dans l’ensemble du pays, afin de faciliter un possible recours (devant la Cour constitutionnelle, ndlr) qui reste la voie pour résoudre, dans le respect de la loi, la crise de confiance dans les résultats».
Mais dans le camp du président Ali Bongo, on ne partage pas cette analyse de l’Union européenne. «J’aurais aussi apprécié qu’on relève quelques anomalies dans le fief de M. Ping. Si on veut relever les anomalies, il faut être clair, équilibré et relever toutes les anomalies si on en a constaté», a commenté Ali Bongo sur la radio française RTL, en accusant Ping de «fraudes massives».
«Nous avons des comportements parmi les observateurs de l’Union européenne, pour lesquels on pourrait dire beaucoup de choses. Je trouve que certains ont outrepassé leur mission», a-t-il souligné.
Pour ce qui est du recomptage des voix réclamé par l’opposition et la communauté internationale, Ali Bongo renvoie son opposition à la Cour Constitutionnelle. L’opposition a jusqu’à ce jeudi, pour déposer un recours.
«On reproche souvent aux Africains de ne pas avoir des institutions fortes, et on reproche aux gouvernements africains de ne pas respecter les lois. Pour une fois que nous respectons notre loi, on nous dit de l’outrepasser, c’est quand même singulier», a déploré le président Bongo.
Dans la foulée, l’Union africaine (UA) a annoncé l’envoi d’une mission au Gabon, pour essayer de résoudre la crise électorale, une décision ouvertement appréciée par la communauté internationale, notamment la France et les Etats-Unis.