L’annonce des juges français de relancer les enquêtes sur l’attentat contre l’ex-président rwandais Juvénal Habyarimana, qui a déclenché le génocide rwandais de 1994, n’est pas appréciée par le pouvoir de Kigali, qui, par la voix de son président, Paul Kagamé, a implicitement menacé la France d’une nouvelle rupture diplomatique.
« Après avoir trouvé que ce qu’ils cherchaient n’était pas là et ne reposait sur rien, je lis dans les médias que nous devrions tout recommencer… Si tout recommencer doit s’assimiler à une épreuve de force, et bien nous aurons une épreuve de force… Souvenez-vous, autrefois, lorsqu’au lieu d’aller chercher un visa à l’ambassade française, vous alliez dans une autre ambassade, tout recommencer peut à nouveau signifier cela », a averti le président Kagame lors d’un discours devant le Parlement rwandais à Kigali.
Un peu plus tôt, des juges français ont décidé de relancer leur enquête pour entendre l’ex-général Faustin Kayumba Nyamwasa, qui accuse l’actuel président Paul Kagame d’être l’instigateur de l’attentat contre M. Habyarimana. Une accusation refuté par l’actuel chef de l’Etat rwandais, qui estime que « c’est la France qui devrait être sur le banc des accusés et être jugée ».
L’attentat contre l’avion de Habyarimana le 6 avril 1994 est considéré comme l’élément déclencheur du génocide des Tutsi au Rwanda, qui a fait au moins 800.000 morts. Dans le pays, une commission d’enquête a imputé l’attentat à des extrémistes hutu voulant se débarrasser d’un président jugé trop modéré. Une enquête ouverte en France sur plainte de la famille de l’équipage, avait été close en janvier dernier, et une demande de non-lieu soumise par la défense de sept protagonistes mis en examen.