Le président de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIEE) en Tunisie, Chafik Sarsar a annoncé ce mardi, sa démission, ainsi que celle de deux membres de l’institution, dont le vice-président, Mourad Ben Mouelli.
Cette démission surprise qui intervient à sept mois des premières élections municipales post-révolution dans le pays qui traverse aujourd’hui un contexte politique et social tendu, a provoqué une onde de choc.
La démission de Sarsar est motivée, selon sa déclaration, par les conflits au sein de l’instance, «touchant aux valeurs et principes sur lesquels celle-ci est fondée». «Conformément au serment que nous avons prêté, celui qui nous engage à œuvrer à des élections libres et transparentes (…), nous avons décidé de démissionner», a martelé Sarsar, affirmant que «nous avons été contraints à cette démission».
Plusieurs responsables de l’instance électorale se sont dits «choqués» par cette décision, mais les autorités tunisiennes ne se sont pas encore prononcées officiellement sur cette démission.
«Quelle que soit la raison de cette démission, c’est un fait grave qui aura d’importantes répercussions», estime l’analyste tunisien Selim Kharrat, précisant que «l’ISIE a montré sa capacité à mener à bien un processus électoral dans une démocratie naissante». C’est aussi « l’une des rares instances institutionnelles indépendantes de la nouvelle Tunisie», a-t-il affirmé.
Unique pays rescapé du Printemps arabe, la Tunisie est quand même parvenue jusque-là, à faire avancer sa transition démocratique. Mais elle reste engluée dans la morosité économique et sociale.
Le nouveau gouvernement tunisien conduit par Youssef Chahed, entré en fonction il y a moins d’un mois, est confronté à une grogne sociale croissante, en particulier dans les régions de l’intérieur.
Le premier ministre a d’ailleurs annoncé pour ce jeudi, une réunion avec les partis et organisations signataires de l’«Accord de Carthage» conclu en 2016. Cet accord avait permis la formation de son gouvernement dit «d’union nationale».