Près de 19,6 millions d’électeurs kenyans sont appelés ce mardi aux urnes, pour choisir le prochain président du pays, parmi le sortant, Uhuru Kenyatta et son grand rival de l’opposition, Raila Odinga, alors que le spectre des violences postes-électorales de 2008 a refait surface.
Les électeurs kenyan sont appelés à départager le président Kenyatta, 55 ans et fils du père de l’indépendance du pays en 1963 et Raila Odinga, vétéran de la politique kényane et candidat pour la quatrième et probablement dernière fois à la présidentielle.
Déjà, l’opposition a accusé le pouvoir de préparer des fraudes tout au long d’une campagne acrimonieuse qui a fait ressurgir le spectre des violences électorales de 2007-2008, les pires enregistrées dans cette ex-colonie britannique depuis son accession à l’indépendance en 1963.
L’opposition, déjà menée par Raila Odinga, avait crié à la fraude à l’annonce de la réélection du président Mwai Kibaki. Le Kenya avait plongé dans deux mois de violences politico-ethniques et de répression policière, qui avaient fait au moins 1.100 morts et plus de 600.000 déplacés, et traumatisé un pays jusque-là réputé stable.
Et la crainte d’une récidive cette année, a été accentuée par le récent assassinat de Christopher Chege Msando, très respecté directeur des technologies de l’information et de la communication la Commission indépendante des élections et circonscriptions (IEBC).
La cellule dirigée par Msando était la seule garantie, voire le seul espoir pour les Kenyans, d’avoir une élection crédible et transparente, selon des observateurs.
Le corps de Msando, sauvagement mutilé et manifestement torturé, a été retrouvé le 29 juillet dans la forêt de Muguga, à Kikuyu, un bastion du président Uhuru Kenyatta, à une vingtaine de kilomètres au nord de Nairobi, la capitale. Curieusement, la police ne l’a annoncé que quarante-huit heures plus tard.
Face à l’incertitude et la crainte qu’engendre ce nouveau scrutin, plusieurs Kényans ont choisi de fuir leur pays, afin d’échapper à une éventuelle explosion de la tension après le vote.
Outre la présidentielle, les électeurs, répartis dans quelque 41.000 bureaux de vote, doivent élire leurs députés, sénateurs, gouverneurs, élus locaux et représentantes des femmes à l’Assemblée, sous la surveillance de missions électorales de l’Union africaine et de l’Union européenne notamment.