A deux semaines d’un référendum constitutionnel très controversé au Burundi, la Conférence des évêques catholiques, très influente dans le pays, a décidé de se prononcer sur le sujet, jugeant «inopportun», le moment choisi pour cette consultation du peuple.
Pour les évêques catholiques, un « climat de peur » règne encore dans ce pays, en proie à une profonde crise politique depuis trois ans. Et ce climat ne permet pas au Burundais de « dire ce qu’ils pensent, par peur des représailles », estiment-ils.
Les évêques ont également dénoncé « le comportement de certains Burundais », qui usent de la violence et abusent de l’autorité qu’ils détiennent, pour «opprimer la liberté d’expression et d’opinion de leurs adversaires politiques», allusion au pouvoir du président Pierre Nkurunziza, qui n’hésite pas à réprimer toute opposition.
La campagne officielle pour le référendum constitutionnel du 17 mai a débuté mardi et doit durer quatorze jours. Une fois adoptée, cette constitution devrait permettre au président Pierre Nkurunziza de rester au pouvoir jusqu’en 2034.
Au total, 26 partis, en très grande partie proches du parti au pouvoir CNDD-FDD, et la coalition d’indépendants Amizero y’Abarundi (Espoir des Burundais) ont été autorisés à faire campagne.
Les quelques partis d’opposition encore présents dans le pays ont appelé à voter « NON », disant craindre les « représailles » du pouvoir en cas de boycott du scrutin. Un décret présidentiel prévoit une peine de « un à trois ans de prison » pour quiconque prônerait l’abstention.
Face à cette obstination du pouvoir, il ne reste aujourd’hui, pour les évêques catholiques, qu’à souhaiter que le référendum se passe « dans la paix, dans la liberté et sans pression».