Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) pourrait sanctionner dans les prochains jours, six chefs de réseaux de trafiquants de migrants qui s’activent en Libye.
Proposées par les Pays-Bas, les sanctions (gel de comptes bancaires, interdiction de voyager) visent deux Erythréens, Ermias Ghermay et Fitiwi Abdelrazak, ainsi que quatre Libyens, Ahmad Oumar al-Dabbashi, Musab Abu-Qarin, Mohammed Kachlaf et Abd al Rahman al-Milad, le chef d’une unité de garde-côtes.
Selon un diplomate s’exprimant sous anonymat, des sanctions contre des trafiquants de migrants seraient une «première» pour le Conseil de sécurité. L’objectif de cette désignation d’individus est de neutraliser des filières ayant été jusqu’à vendre des migrants sur des marchés d’esclaves en Libye, a-t-il ajouté.
Mais la résolution achoppe pour l’instant au niveau de la Russie qui, le 8 mai dernier, a demandé la suspension du processus de désignation de ces six personnes, affirmant avoir «besoin de davantage d’informations».
Moscou a aussi réclamé un partage des «preuves abondantes» évoquées en provenance de «sources de confiance» qui accusent ces six individus. Elle voudrait aussi savoir en quoi «le problème va être résolu sans s’attaquer aussi aux criminels des pays d’origine et de destination», notant que des documents parlent de réseaux «s’étendant à plusieurs pays européens et aux Etats-Unis».
A l’appui de sa demande de suspension, la Russie souhaite également que la Libye soit associée au processus de désignation des personnes visées, jugeant que les accusations à leur encontre sont davantage de nature criminelle que liées à des violations des droits de l’homme.
Fin 2017, un documentaire choc de la chaîne américaine CNN montrant des migrants africains vendus comme des esclaves, avait provoqué l’indignation internationale. En mars, la justice libyenne avait annoncé l’émission de plus de 200 mandats d’arrêt contre des trafiquants libyens et étrangers impliqués dans un réseau d’immigration clandestine vers l’Europe.