La surprenante décision annoncée hier jeudi par le président burundais, Pierre Nkurunziza, de ne pas briguer un nouveau mandat en 2020, est loin d’emballer son opposition, qui doute de la sincérité de ces paroles, venant de quelqu’un qui a «une personnalité très changeante».
En effet, dans un discours solennel ce 07 juin, à l’occasion de la promulgation de la nouvelle constitution du pays, le président burundais, Pierre Nkurunziza fait la promesse de se retirer du pouvoir à la fin de son mandat en 2020. Il s’agit, pour le chef de l’Etat, de respecter sa parole donnée il y a trois ans, alors que la nouvelle constitution plébiscitée dans un référendum très controversé, lui ouvrait la voie de la magistrature suprême, jusqu’en 2032.
Au sein de l’opposition qui n’a presque pas de voix dans ce pays, l’on préfère voir pour croire car en 2015, M. Nkurunziza n’a annoncé sa candidature qu’à un mois des élections, se rappelle Pancrace Cimpaye, porte-parole du CNARED, une plateforme de l’opposition.
Cette année-là, poursuit-il, le président Nkurunziza avait fait volte-face à une promesse pareille, au motif que ses militants lui avaient demandé de les représenter. « C’est eux qui décident, c’est la volonté des militants qui prime », avait argué M. Nkurunziza.
Pour M. Cimpaye, le chef de l’Etat cherche juste à « gagner du temps » et à désamorcer la pression née du dernier référendum controversé, et surtout, « à distraire la communauté internationale et le peuple burundais, afin qu’en 2020, il revienne au galop avec sa présidence à vie».