L’opposition gabonaise a dénoncé ce jeudi, «un coup de force et un coup d’Etat constitutionnels» après la modification de la constitution opérée dans la soirée de mercredi dernier par la Cour constitutionnelle, pour faire face à l’absence du chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba.
En effet, la Cour dirigée par Marie-Madeleine Mborantsuo vient de procéder à une modification de la constitution du Gabon, afin de permettre au vice-président de gérer les affaires courantes, après avoir officiellement constaté l’«indisponibilité temporaire» du chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba, hospitalisé depuis le 24 octobre à Ryad en Arabie Saoudite, pour un mal non dévoilé.
Dans ses dispositions, la Constitution gabonaise ne prévoit pas le cas d’empêchement temporaire du chef de l’Etat. La Cour a donc décidé d’y ajouter cette disposition, qui stipule qu’«en cas d’indisponibilité temporaire du président (…) certaines fonctions (…) peuvent être exercées, selon le cas, soit par le vice-président de la République, soit par le Premier ministre, sur autorisation spéciale de la Cour constitutionnelle».
Une décision fustigée par Paul-Marie Gondjout, cadre de l’Union nationale (UN), l’un des principaux partis d’opposition, pour qui la Cour constitutionnelle «n’a nullement le droit de modifier la Constitution(…) Elle ouvre, de fait, un nouveau front dans la profonde crise politique gabonaise».
De son côté, le sénateur de l’opposition, Jean-Christophe Owono Nguema juge «inacceptable» la décision de la cour constitutionnelle, car «cette dame (Mme Mborantsuo) ne peut piétiner ainsi notre Constitution et brader la souveraineté du peuple gabonais… Je crains le pire pour mon pays».
La Cour constitutionnelle avait été saisie par le Premier ministre Emmanuel Issoze Ngondet, sur la nécessité pour le gouvernement d’évacuer les affaires courantes.
Abondant dans ce sens, la Cour a autorisé le vice-président, Pierre-Claver Maganga Moussavou, «à convoquer et à présider un Conseil des ministres qui portera exclusivement sur l’ordre du jour joint à la requête du Premier ministre».