L’ex-président du Burundi, Pierre Buyoya, a dénoncé ce dimanche une «manipulation politique», après que Bujumbura ait lancé un mandat d’arrêt international contre sa personne.
La justice burundaise accuse l’ancien chef d’Etat ainsi que 11 hauts gradés des forces de sécurité et cinq de ses anciens proches collaborateurs civils, d’être impliqués dans l’assassinat, en 1993, de Melchior Ndadaye, premier président hutu démocratiquement élu du pays.
Le procureur général a estimé «qu’il est impérieux qu’ils soient interrogés sur le rôle qu’ils auraient joué» dans ce crime, et demandé que «les pays qui les hébergent puissent les arrêter et les extrader au Burundi afin qu’ils s’expliquent sur les faits qui leur sont reprochés».
Pour M. Buyoya, actuel représentant de l’Union africaine (UA) au Mali, tout laisse à penser qu’il s’agit là d’une «simple manipulation politique et d’une nouvelle manœuvre de diversion visant à faire oublier les questions douloureuses non résolues» depuis le début, en avril 2015, de la crise politique que traverse le Burundi.
«Il est symptomatique que la réouverture du dossier de feu Melchior Ndadaye intervient au moment où, face aux multiples sollicitations de la communauté internationale, le Gouvernement a choisi de s’emmurer délibérément dans le refus du dialogue», a ajouté M. Buyoya, dans un communiqué.
L’assassinat du président Melchior Ndadaye avait été à l’origine d’une guerre civile (1993-2006) qui a fait plus de 300.000 morts et opposé l’armée, alors dominée par la minorité Tutsi (14% de la population), à des mouvements rebelles hutu (85%).
«Un jugement a déjà été rendu dans cette affaire», a rappelé l’ex dirigeant burundais. Une dizaine de soldats dont le plus haut gradé était lieutenant ont été condamnés en 1998, dans un procès considéré comme celui «des exécutants». Mais, aucun des nombreux hauts gradés cités dans cet assassinat n’a été inquiété.