Les Botswanais sont appelés aux urnes ce mercredi, pour des élections générales marquées particulièrement par une discorde entre l’ancien président, Ian Khama et son successeur Mokgweetsi Masisi, qu’il qualifie de «menace contre la démocratie».
Comme le veut la Constitution, Ian Khama a cédé, il y a dix-huit mois, les rênes du Botswana à son vice-président, Mokgweetsi Masisi, issu du même Parti démocratique du Botswana (BDP). Mais les deux hommes ont du mal à s’entendre, et Khama a même claqué la porte du BDP en mai dernier, accusant Masisi de «dérive autoritaire».
«J’ai constaté une menace pour notre démocratie (…) nous avons des dirigeants devenus ivres de pouvoir», se plaint l’ex-chef de l’Etat dans une récente déclaration à la presse.
Il reproche à son successeur d’avoir tourné le dos à son héritage, notamment en levant l’interdiction de la chasse aux éléphants. «Il a voulu effacer tout ce que nous avons mis en place (…) Notre démocratie est menacée par un tsunami de la même veine que ce que fait Donald Trump dans son pays», a-t-il ajouté.
Son rival Masisi se justifie en expliquant que la politique de son prédécesseur avait nui à l’image du parti au pouvoir et s’est dit persuadé d’emporter le scrutin.
Une fronde inédite qui fragilise aujourd’hui la position électorale dominante du BDP, qui avait réalisé le plus mauvais score de son histoire aux élections générales de 2014 en tombant sous la barre symbolique des 50% des suffrages. Le principal parti d’opposition, la Coalition pour un changement démocratique (UDC), espère tirer parti de cette situation, ce qui est d’ailleurs possible, de l’avis de Peter Fabricius, de l’Institut sud-africain pour les études de sécurité (ISS) estimant que ces élections s’annoncent «très serrées, et son sort peut basculer dans un sens comme dans l’autre».