Les élections législatives et municipales annoncées au Cameroun pour le 9 février 2020 restent incertaines de l’avis de plusieurs acteurs politiques du pays, qui évoquent la situation sécuritaire précaire qui y prévaut et menacent d’ores et déjà cette consultation électorale, bien que très attendue.
Le Cameroun est en, effet confronté à de sérieux défis sécuritaires, notamment dans ses régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest, où un conflit meurtrier oppose des indépendantistes anglophones à l’armée et la police. Ce conflit a déjà couté la vie à «plus de 3.000 personnes en deux ans», selon des ONG.
A cela s’ajoute la menace des djihadistes du groupe nigérian Boko Haram qui, bien qu’affaiblis, poursuivent leurs attaques dans l’extrême-nord du territoire camerounais, et risquent de dissuader là aussi les gens de se rendre aux urnes.
Des conjonctures qui obligent des formations politiques comme le Social Democratic Front (SDF, opposition) à envisager le boycott de ces élections. «Nous n’irons jamais aux élections si la guerre n’est pas arrêtée dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest», prévient son président, Emmanuel Ntonga.
Comme lui, l’universitaire camerounais Richard Makon pense aussi que «ces élections n’auront pas une crédibilité optimale», car les conditions actuelles ne permettent pas leur «tenue sereine».
Un avis également partagé par le député Njong Evaristius, qui soutient que la déstructuration du tissu social et de l’administration publique, en raison du conflit entre les séparatistes et l’armée, rendent toute élection «impossible» particulièrement dans les deux régions anglophones.
Les mandats des députés camerounais élus en 2013 avaient pris fin en 2018, mais le chef de l’Etat, Paul Biya, a décidé de les prolonger et les législatives ont été reportées à deux reprises.
En perte de popularité, le président Biya a tenté ces derniers temps de redorer son blason, notamment à l’international. Il a récemment ordonné la libération de son rival des élections de 2018, l’opposant Maurice Kamto, et organisé un «Grand dialogue national» début octobre, dans le cadre duquel un statut spécial pour les régions anglophones a été proposé.