Le Parlement camerounais se penche depuis vendredi dernier sur le projet de statut spécial devant être attribué aux deux régions anglophones du Cameroun en proie à des conflits meurtriers, en application de la principale recommandation adoptée lors du «grand dialogue national» convoqué par le président Paul Biya début octobre, pour mettre fin à ces conflits qui ont fait plus de 3.000 morts.
Ce projet en étude devrait conférer un peu plus d’autonomie aux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, en leur octroyant notamment «un régime juridique particulier» devant leur permettre de participer «à l’élaboration des politiques publiques nationales relatives au sous-système éducatif anglophone et de la justice».
Le statut spécial répond en partie «à la racine du problème, aux revendications des enseignants et du monde judiciaire notamment», assure le politologue camerounais, Stéphane Akoa, chercheur à la Fondation Paul Ango Ela.
Mais pour ramener la paix dans ces régions, estime-t-il, «il faudra que le gouvernement pose un certain nombre d’actes, comme la libération de prisonniers anglophones et l’organisation de pourparlers avec les groupes armés».
La minorité anglophone du Cameroun s’estime lésée par rapport à la majorité francophone du pays. La crise a commencé en novembre 2016, avec essentiellement les revendications des enseignants ou des juristes, réclamant plus de représentativité pour les anglophones.
Les responsables de la contestation demandaient pour la plupart un retour au fédéralisme, mais une minorité exigeait l’indépendance et la proclamation d’un nouvel Etat, l’Ambazonie.
Mais face à l’intransigeance de Yaoundé et à la répression des manifestations pacifiques, le conflit s’est durci. Fin 2017, une partie des séparatistes ont pris les armes.