La campagne pour les élections législatives débute ce 16 janvier en Guinée, dans un contexte assez tendu, marqué par la mort par balle d’au moins trois civils en début de semaine, lors de manifestations contre un projet de révision constitutionnelle pour un troisième mandat du président Alpha Condé.
Reportées à plusieurs reprises depuis 2018, ces législatives se jouent sans les principales forces de l’opposition, à savoir l’Union des forces démocratiques de Guinée de Cellou Dalein Diallo et l’Union des forces républicaines de Sidya Touré.
Ces partis comptent pourtant le plus de députés à l’actuelle Assemblée nationale (37 pour l’UFDG et 10 pour l’UFR, sur un total de 114 députés). «Nous ne pouvons pas participer à ce scrutin pour lequel le fichier électoral est taillé sur mesure pour l’exécutif’», a argué Aliou Condé, secrétaire général de l’UFDG.
Cellou Dalein Diallo, de son côté, se dit «déterminé à faire barrage à cette mascarade électorale qu’Alpha Condé prépare», dans le seul but d’octroyer une majorité parlementaire à son parti, le RPG-arc-en-ciel, «grâce à une fraude institutionnalisée». Une majorité qui lui permettrait, selon l’opposant, de «légitimer à l’avance la victoire du OUI au référendum sur la nouvelle Constitution, elle-même devant permettre à Alpha Condé de briguer un troisième mandat illégal, au terme de son second et dernier mandat».
Un projet de troisième mandat que l’opposition et la société civile guinéenne n’entend pas laisser passer. Les dernières manifestations contre ce projet ont encore été violemment réprimées depuis lundi, avec un bilan de 3 civils tués par balle.
Mercredi, les organisateurs ont annoncé une trêve afin de «procéder dans le calme à l’enterrement de nos victimes et permettre aux Guinéens de se réapprovisionner» en produits de consommation, en attendant la reprise de ce qu’ils appellent la «mobilisation massive et illimitée» dans tout le pays.