Après un premier report prononcé il ya deux semaines le procès très attendu de l’ancien ministre de la défense et député Kpatcha Gnassingbé s’est ouvert aujourd’hui à Lomé. Bien que les avocats de ce dernier aient dénoncé à plusieurs reprises la procédure, il semblerait que l’accusation d’atteinte à la sûreté de l’état soit avérée et que Kpatcha aie bien eu le dessein d’éliminer son frère, le Président Faure Gnassingbé, lors d’une tentative de coup d’Etat avortée en 2008. Ainsi, d’après plusieurs sources fiables, Les enquêteurs ont découvert au cours de leurs investigations que l’Honorable député Kpatcha Gnassingbé nourrissait une hostilité grandissante à l’endroit de son Président de frère.
Cette hostilité croissante, conjuguée à la nécessité de préserver ses intérêts dans de multiples trafics juteux, ont conduit Kpatcha Gnassingbé à nourrir le dessein d’évincer son frère et de fomenter des projets de coup d’Etat.
Toujours selon ces mêmes sources, une jalousie quasi-maladive animait Kpatcha suite à l’élection de son frère en 2005, aggravée par le fait d’avoir été évincé du Ministère de la Défense.
Selon les actes d’accusation ainsi que les notes de la défense, dont « Afrique 7 » a pu avoir une lecture partielle, les nombreuses auditions réalisées laissent apparaître que Kpatcha Gnassingbé n’ « a jamais accepté que son frère soit élu Président de la République » et que ce dernier le limoge du Ministère de la Défense en 2007. Confronté au cours de l’enquête préliminaire avec son cousin Essozimna dit « Esso » le 2 septembre 2009 Kpatcha Gnassingbé reconnaît lui-même sa rancœur à l’endroit du Chef de l’Etat suite à son éviction du Ministère de la Défense jugé humiliante. Ainsi, « Esso » affirme que « depuis que le ministre Kpatcha n’a plus été reconduit comme membre du gouvernement, il est devenu très mécontent. La raison en est que depuis la mort de leur père, ils ont travaillé ensemble (avec le Président Faure) pour avoir le pouvoir et que son frère l’en a écarté aujourd’hui », affirmation que Kpatcha Gnassingbé a confirmée lors de son audition.
Outre la rivalité personnelle, l’enquête a démontré que Kpatcha Gnassingbé était également à la tête d’une fortune conséquente, amassée grâce à un vaste réseau de trafic et de racket en tous genres. Or, dès son élection à la tête du Togo, la priorité affichée de Faure Gnassingbé était de mettre en œuvre une politique de moralisation de la vie des affaires, afin de sécuriser les rentrées fiscales de l’Etat, ce qui est venu contrarier les intérêts d’opérateurs économiques affidés à Kpatcha. Au premier rang de ces derniers, l’on retrouve un homme d’affaires libanais, Bassam Al Najar, qui avait pris la fâcheuse habitude de ne plus acquitter aucun centime d’impôt grâce à la protection que lui accordait Kpatcha Gnassingbé. Dès que l’Etat a tenté de recouvrer les recettes qui lui étaient dues, Kpatcha Gnassingbé, touché au portefeuille, a commencé à élaborer les plans qui l’auraient conduit à renverser son frère. Entendu le 11 février 2010 par le Juge d’instruction, Amah Poko révélait : « les intérêts de Kpatcha sont menacés par la Directrice des impôts qui harcèle les protégés de Kpatcha, notamment Monsieur Bassam ».Le procès devrait permettre de faire toute la lumière sur cette sombre affaire, les autorités togolaises ayant donné des garanties qu’il se déroulerait dans des conditions normales.