Le Premier ministre soudanais, Abdallah Hamdock, est rétabli dans ses fonctions depuis dimanche, mais il est désormais décrié par son peuple qui l’accuse de «trahison» pour avoir signé un accord avec le général al-Burhane, auteur du coup d’Etat militaire qui avait renversé le Gouvernement de transition le 25 octobre 2021.
Alors que tous les prisonniers politiques depuis le putsch, ont été libérés, et un nouveau gouvernement en cours de préparation, la rue ne décolère pas au Soudan. Les slogans pro-Hamdock ont cédé la place à des accusations de «trahison» contre Abdallah Hamdock.
L’Association des professionnels soudanais, fer de lance de la contestation, dénonce fermement «l’accord des traîtres qui n’engage que ses signataires» et le qualifie d’«un suicide politique».
Outre la libération des détenus et le rétablissement de M. Hamdock à la tête du gouvernement, cet accord comporte encore des zones d’ombre. Il prévoit par exemple des amendements pour la déclaration constitutionnelle signée au début de la transition, ne se prononce pas sur la question du transfert de la présidence du Conseil de souveraineté aux civils et ne précise pas non plus, aucune date pour les élections.
Les Forces de la liberté et du changement, la coalition qui avait porté Abdallah Hamdock au pouvoir lors de la révolution de 2019, ont également décrié cet accord, et douze de leurs ministres ont présenté lundi leur démission au Premier ministre Hamdock en signe de protestation.
A sa décharge, le Premier ministre Hamdock explique avoir consenti à cet accord, afin de mettre un terme au «bain de sang» dans les rues du pays où les manifestations sont violemment réprimées par les militaires.