Au royaume Chérifien du Maroc , l’affaire d’un député de la majorité qui a été brutalisé par les forces de l’ordre lors d’une manifestation de diplômés-chômeurs à Rabat, continue de faire les choux gras des médias et ce, parallèlement à des tentatives controversées de récupération de la part de personnalités politiques.
Abdessamad Idrissi, un « dur » du Parti de la Justice et du Développement (PJD), le parti islamiste à la tête de la majorité gouvernementale, s’était ainsi rangé parmi des dizaines de diplômés chômeurs qui participaient à une manifestation interdite pour réclamer des emplois dans la fonction publique. Selon plusieurs témoignages, il aurait délibérément provoqué les forces de l’ordre qui dispersaient les manifestants, ramassant au passage quelques coups perdus dans la confusion. Après avoir fait la Une des journaux marocains pendant près d’un mois, l’affaire est en train d’être reprise par les politiques qui ont flairé tout l’intérêt qu’ils pouvaient en tirer. Le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane en tête. Le parlementaire Idrissi appartient à la formation islamiste du chef du gouvernement, lequel a laissé entrevoir la possibilité de présenter des excuses officielles au député violenté. De son côté, le président du Parlement, Karim Ghallab qui se trouve actuellement dans le viseur du chef de son parti, l’Istiqlal, veut aller dans le même sens. Il compte ainsi s’attirer les bonnes grâces du chef du gouvernement et négocier dans de meilleures dispositions sa place dans son propre parti et son maintien au perchoir .
Ces calculs ont toutefois été vivement critiqués dans plusieurs médias. Ces derniers dénoncent des dérives politiciennes de nature à fragiliser les services de sécurité qui s’acquittent de leur tâche de maintien de l’ordre dans des conditions souvent difficiles. Ces difficultés ont été exacerbées par le contexte de déstabilisation régionale provoquée par les mouvements revendicatifs du « printemps arabe ». D’ailleurs, beaucoup au Maroc reconnaissent aux divers services de sécurité le mérite d’avoir habilement manœuvré lors des manifestations du printemps 2011, permettant au pays de traverser le tumulte de la rue sans encombre.