Le congrès national africain (ANC) vit peut être ses dernières heures hégémoniques à la tête de la politique sud-africaine. Un nouvel arrivant sur la scène politique pourrait bien changer la donne et offrir à la population sud-africaine une alternative acceptable au parti de Nelson Mandela. Il s’agit de Mamphela Ramphele, une femme au parcours exceptionnel et aux compétences reconnues. Agée de 65 ans aujourd’hui, elle a milité contre l’apartheid aux cotés de Steeve Biko, une des figures marquante de la « conscience noire ». Mamphela est une fille du peuple qui s’est battue toute sa vie durant, pour aller toujours plus loin. Après des études de médecine, elle avait ouvert une clinique alternative au cœur de la région la plus militante de son temps; l’Est de la province du cap. Bannie pendant plusieurs années à Tzaneen, elle a connu la ségrégation et en a même fait les frais. Pour la plupart des femmes du pays, elle incarne la réussite du genre féminin, aussi bien sur le plan intellectuel que sur le plan social. Elle a été rectrice de l’université du cap et présidente d’une compagnie minière du pays, d’où elle vient à peine de démissionner. Son entrée en politique devient d’autant plus pertinente que le pays traverse l’une des crises les plus longues et les plus sévères qu’il n’ait jamais connu. Pour la conscience populaire, l’ANC semble incapable d’apporter une solution claire et pérenne aux problèmes sociaux et économiques que traverse l’Afrique du Sud. Après avoir été courtisé par l’Alliance Démocratique (DA), le premier parti de l’opposition sud-africaine, elle a décidé de lancer son propre mouvement appelé « Agang », ce qui signifie « construisons » en langue Sepedi. Elle déclare se dresser contre la corruption et les intérêts particuliers devenus la norme de conduite pour plusieurs dirigeants du pays. Elle propose déjà une nouvelle politique de gestion en ce qui concerne le secteur minier, principal poumon économique du pays et actuellement en crise.
Pour docteur Mamphela, le modèle fondé sur le recours au travail de migrants non qualifiés et mal payés n’est pas viables dans la durée, il faudrait plutôt investir dans la formation des ouvriers et aller vers des technologies innovantes pour que le secteur reste compétitif.