Vingt ans après le génocide, le Rwanda, souvent loué pour ses progrès, fait de plus en plus l’objet de critiques, notamment de la part des Occidentaux, et principalement de son grand allié les Etats-Unis.
Washington met en garde le régime de Kigali surtout sur le respect de la démocratie et de l’opposition politique. Ces critiques interviennent après une série de meurtres troublants de dissidents politiques rwandais en exil. Le gouvernement américain se montre de plus en plus préoccupé, surtout après l’assassinat en Afrique du Sud de Patrick Karegeya, l’ancien chef des services de renseignements extérieurs du Rwanda dont le corps a été découvert dans son hôtel de Johannesburg.
Depuis la fin du génocide en 1994, le pays n’a jamais été dans une telle difficulté diplomatique. Plutôt fier de son héritage, Kigali a l’habitude d’afficher un pays en paix, avec l’une des meilleures situations sécuritaires du continent africain et salué par les institutions financières internationales pour la réussite de ses réformes économiques et son climat favorables aux affaires. Mais le durcissement des positions du président Paul Kagame entachent l’image de son pays vis-à-vis de l’extérieur.
Accusé depuis longtemps de soutenir les groupes de rébellion qui assaillent la République démocratique du Congo et qui comptent dans leurs rangs des enfants soldats, M. Kagame est maintenant soupçonné de commanditer l’élimination de ses anciens collaborateurs et ce, à cause des propos qu’il a tenus dans l’affaire Karegeya.
Selon ses dires, ceux qui trahissent le Rwanda n’échapperont pas aux conséquences de leurs actes. Sans bien sûr citer explicitement le nom de Patrick Karegeya, ce genre de propos n’a pas pour le moins été interprété comme une reconnaissance implicite de l’implication de Paul Kagame dans ce qui ressemble à un assassinat politique.