Au Burundi, la terre est devenue source de discordes qui handicapent le développement économique du pays. L’ONG International Crisis Group a publié mercredi un rapport alarmant, dans lequel elle expose les problèmes fonciers auxquels est confronté ce petit pays d’Afrique de l’Est.
D’une part, la mauvaise répartition des terres qui, en même temps, se raréfient sous le coup de la croissance de la population. Le Burundi possède l’une des plus fortes densités de peuplement en Afrique, avec environ 400 habitants par kilomètre carré. Mais son modèle de gestion foncière, totalement inadéquate, est source d’une insatisfaction socioéconomique et engendre une violence diffuse au sein de la société burundaise.
D’autre part, les difficultés de réintégration des réfugiés et déplacés de la guerre civile qui ont été injustement dépossédés de leurs terres. Ce problème a été à l’ordre du jour mercredi à l’occasion du lancement dans la capitale Bujumbura d’un projet de réintégration économique de 300 familles rapatriées, par l’Association communautaire pour la promotion et la protection des droits de l’Homme (ACPDH).
Selon le directeur exécutif de l’ACPDH, Mathieu Sake, la plupart des rapatriés burundais ont perdu leurs références familiales. Généralement hébergés dans des camps de transit, ils souffrent d’une extrême pauvreté, d’un manque de terre et de logement.
Dans son rapport de mercredi, International Crisis Group dénonce la mauvaise gouvernance foncière, avec l’utilisation de mécanismes de régulation archaïques. Outre les tensions sociales, ce pays où 90% de la population vit de l’agriculture connaît un taux de malnutrition avoisinant les 75%.
Pourtant, en août 2000, l’accord de paix qui avait été signé à Arusha en Tanzanie prévoyait une ambitieuse réforme foncière, mais celle-ci n’a abouti qu’à des résultats décevants et insuffisants. Le Burundi est donc appelé à revoir sa politique foncière pour un véritable changement.