Au Burundi, la crise politique entre le pouvoir et l’opposition s’aggrave de plus en plus. Suite aux violents affrontements qui ont opposé samedi les forces de l’ordre aux manifestants du Mouvement pour la Solidarité Démocratique (MSD) dans la capitale Bujumbura, plusieurs membres de l’opposition font désormais l’objet de poursuites judiciaires. Parmi ceux-ci figure Alexis Sinduhije, le président du MSD, un ancien journaliste rentré d’exil il y a à peine un an. Accusé d’être l’instigateur des violences, il vient d’être inculpé de « participation à un mouvement insurrectionnel armé en tant que leader de ce mouvement », a déclaré ce mercredi Arcade Nimubona, le procureur de Bujumbura.
Le chef du parti d’opposition, qui serait actuellement en fuite, est poursuivi en même temps que 71 autres militants. Le procureur a par ailleurs ajouté qu’une « procédure d’urgence » a été enclenchée et permettra d’arriver à un procès « le plus rapidement possible ».
Cette situation est loin de calmer les tensions dans le pays. En effet, les inculpés encourent jusqu’à une peine de réclusion perpétuelle conformément au code de la loi pénale burundaise. D’aucuns dans les rangs de l’opposition dénoncent, par conséquent, une manœuvre destinée à écarter les sérieux concurrents du président Pierre Nkurunziza. La volonté du pouvoir burundais de modifier la Constitution vient également attiser les tensions. L’Union Nationale pour le Progrès (UPRONA) est le seul parti politique de l’opposition à avoir pris part aux élections présidentielles de 2010. Mais depuis qu’il a quitté la coalition gouvernementale, il est de plus en plus isolé.
Faut-il rappeler que le Burundi n’avait connu une telle crise depuis la fin de la guerre civile de 1993 à 2006, qui a fait plus de 300 000 morts.