La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH) ont vivement critiqué la décision du gouvernement malien de libérer l’ancien chef du tribunal islamique de Tombouctou, Houka Houka Ag Alfousseyni.
Membre important du mouvement islamiste Ansar Dine, l’ancien juge islamiste de Tombouctou officiait à l’époque où les groupes armés jihadistes régnaient en maîtres dans le nord du Mali. Avant d’être délogés en janvier 2013 par des militaires français de l’opération dite « Serval ».
Houka Houka Ag Alfousseyni avait été interpellé il y a sept mois, puis inculpé pour son rôle présumé dans des « violations graves des droits humains » perpétuées en 2012 sous le règne des groupes jihadistes.
Sa remise en liberté, le 15 août dernier, s’inscrit dans le cadre des négociations entre le gouvernement malien et les groupes armés.
Cependant, la décision du gouvernement malien de le libérer ne fait pas l’unanimité. Quand bien même elle s’inscrirait dans le cadre de la politique de réconciliation nationale prônée par les autorités maliennes, elle a provoqué une vive l’ire des organisations des droits de l’Homme. Ces dernières accusent l’ancien juge islamique d’avoir dirigé un tribunal de triste mémoire qui a permis les pires violations des droits humains.
Un tribunal qui, rappellent-elles, s’est distingué de la plus pire des manières, en ordonnant notamment amputations, lapidations, flagellations et arrestations arbitraires.
Pour ces deux organisations, la libération de l’ex-juge Houka Houka Ag Alfousseyni est tout simplement « une véritable atteinte à l’indépendance de la justice ». Quelles qu’en soient les raisons qui ont motivé cette décision, cette mesure politique est « une violation flagrante des droits des victimes à la justice et à la vérité », estime-t-on à l’AMDH.
Il est à souligner qu’en dépit des efforts consentis pour promouvoir la paix au nord du Mali, on déplore encore à ce jour des actions meurtrières dans cette partie du Mali.
« Il est absolument nécessaire que les négociations politiques entamées se poursuivent mais ni au détriment de la justice ni dans l’oubli des victimes», a estimé Me Moctar Mariko, président de l’AMDH.