Feyisa Lilesa, le marathonien éthiopien qui s’est illustré aux J.O de Rio au Brésil, en remportant une médaille d’argent mais il a en même temps protesté contre la politique sportive d’Addis Abeba, ne sera pas inquiété à son retour dans son pays, a assuré la porte-parole du Gouvernement éthiopien, Getachew Reda.
«Lilesa ne rencontrera aucun problème en raison de sa prise de position politique», a-t-elle laissé entendre, précisant que «bien qu’il soit impossible d’exprimer un point de vue politique aux jeux Olympiques, l’athlète sera accueilli lors de son retour à la maison, au même titre que les autres membres de l’équipe olympique éthiopienne».
Arrivé troisième dans une course de la dernière journée des olympiades dimanche dernier, Feyisa Lilesa avait franchi la ligne d’arrivée les bras croisés au-dessus de la tête, comme s’ils étaient ligotés, un geste utilisé lors de récentes et importantes manifestations anti-gouvernementales violemment réprimées en Éthiopie. Un geste qu’il récidivera lors de la cérémonie de remise des médailles.
En conférence de presse, l’athlète a déclaré craindre un retour au pays après sa protestation «contre l’attitude du gouvernement à l’égard des Oromo», une des deux principales ethnies du pays dont il est issu. «Si vous parlez de démocratie, ils vous tuent. Si je retourne en Éthiopie, peut-être qu’ils vont me tuer, ou me mettre en prison… C’est très dangereux dans mon pays. Peut-être que je devrais aller dans un autre pays. Je manifestais pour tous les gens qui ne sont pas libres», avait lâché Feyisa Lilesa.
L’Éthiopie est actuellement en proie à un mouvement de contestation antigouvernementale sans précédent depuis une décennie, qui a commencé en région Oromo (centre et ouest) au mois de novembre 2015 et qui s’est étendu depuis quelques semaines à la région Amhara (nord).
La répression violente de ces manifestations, qui viennent remettre en cause le fonctionnement du fédéralisme ethnique, a déjà fait plusieurs centaines de morts depuis fin 2015, estiment des Organisations de défense des droits de l’Homme.