A Brazzaville, capitale du Congo, le carburant et le gaz butane sont devenus des biens rares, depuis plusieurs semaines déjà. Une pénurie qui n’a que trop duré, et qui commence à agacer les automobilistes et les populations.
Ils étaient des dizaines d’automobilistes ce week-end, à passer la nuit devant les stations-services, dans l’attente de s’approvisionner en carburant. Les taxis et les bus sont garés et la tension monte visiblement surtout dans le rang des transports en commun.
«Dans la semaine, on travaille pendant deux jours, et le troisième jour, on vient garer pour attendre de nouveau le carburant. On ne peut pas faire la recette, le travail est trop perturbé», déplore un chauffeur de bus, qui vient de passer sa troisième nuit à attendre, sans obtenir son lot de carburant.
Le Congo, sixième producteur de pétrole en Afrique en 2015, est aujourd’hui en deçà de ses rendements habituels. Sa raffinerie nationale ne fournit plus que moins de 30% des besoins locaux, le reste doit provenir des importations.
Autre mauvaise nouvelle pour Brazzaville, la seule raffinerie du pays est fermée tout le mois d’avril, pour travaux d’entretien. D’une capacité de 800 tonnes de produits raffinés, cette raffinerie est actuellement au plus bas de sa production.
Le ministre congolais des Hydrocarbures, Jean Marc Tyster Tchicaya a fait savoir qu’une «commande a été lancée, et il faut attendre», une attente risque d’être assez longue, puisque les autorités parlent d’une période de six mois, avant un retour à la normale.
Pendant ce temps, les rares stations de services qui parviennent à se ravitailler, profitent pour surenchérir. Aussi, imposent-elles des règles : «aucune voiture n’a droit au plein du réservoir». «Pour espérer acheter un bidon de 25 litres d’essence, qui est normalement à 15.000 francs CFA, il faut ajouter un supplément de 2 à 3000 francs CFA. Sinon, le pompiste ne vous servira pas, même si vous êtes en tête de rang», raconte un automobiliste.
Une situation que déplorent des défenseurs des droits des consommateurs, qui dénoncent une arnaque. «La pénurie est entretenue par les policiers, les pompistes et d’autres acteurs plus importants dans l’appareil de l’Etat. Vendre le carburant par bidon de 25 litres, pourtant interdit, leur rapporte gros», dénonce Mermans Babounga, président de l’Association de défense des droits de consommateurs du Congo.