La vice-ministre des Finances du Mozambique, Isaltina Lucas a été limogé en milieu de semaine, selon un communiqué de la présidence, qui ne précise pas les raisons de cette décision du Chef de l’Etat, Filipe Nuysi.
Mais tour porte à croire que l’intéressée fait ainsi les frais de sa mise en cause dans le scandale dit de la «Dette cachée», une affaire de détournement de deniers publics qui a plongé le pays dans une crise financière.
Directrice nationale du Trésor mozambicain au moment des faits en 2012, Mme Lucas est présumée impliquée dans des prêts frauduleux, d’un montant total de 2 milliards de dollars, contractés par trois sociétés publiques pour l’achat d’un lot de navires, notamment militaires.
Selon un audit indépendant, quelque 500 millions de dollars de ces prêts, délibérément cachés au Parlement mozambicain et aux bailleurs de fonds internationaux, ont été détournés.
Au moins 200 millions de dollars auraient servi à «verser des pots-de-vin à des industriels, des banquiers et des responsables mozambicains, dont l’ex-ministre des Finances Manuel Chang», révèle de son côté, la justice américaine.
L’actuel président du Mozambique, Filipe Nuysi, qui souhaite briguer un nouveau mandat, était ministre de la Défense à l’époque où les prêts ont été contractés.
L’opposition l’accuse d’en avoir été informé, et l’affaire embarrasse sérieusement son pouvoir, à quelques mois des élections générales d’octobre.
L’ex-ministre des finances Chang a été quand à lui, arrêté fin décembre à Johannesburg en Afrique du Sud, en vertu d’un mandat d’arrêt délivré par la justice américaine.
La justice sud-africaine doit se prononcer dans les semaines à venir sur deux demandes d’extradition concurrentes émanant des Etats-Unis et du Mozambique, dont le parlement a voté la semaine dernière, la levée de l’immunité de Chang, toujours député du parti au pouvoir.