La Tunisie qui entend faire désormais de la lutte contre le travail et l’exploitation des enfants mineurs, une de ses priorités, a lancé ce lundi, un projet baptisé «Ensemble contre le travail des enfants en Tunisie».
Financé à hauteur de 3 millions de dollars par les Etats-Unis, le programme élaboré pour lutter contre le travail des enfants a été développé par le Bureau international du travail (BIT) en collaboration avec le ministère des Affaires sociales et doit se dérouler sur trois ans (2017-2020).
Le pays est signataire des conventions internationales relatives à cette question « mais ce qui nous manque, (…) c’est le travail sur le terrain », a expliqué ministre le tunisien des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi.
Selon lui, bien que des statistiques exactes ne soient pas encore disponibles sur le travail des enfants, « le phénomène a quand même pris, ces dernières années, une certaine dimension, surtout avec la situation actuelle en Tunisie ; une situation de transition ». Allusion faite à la révolution de 2011, qui a balayé une dictature de plusieurs décennies.
Selon Naïma Zaghdoudi, coordinatrice nationale du projet pour l’Organisation internationale du travail (OIT), « aujourd’hui, on ne peut pas dire qu’il y ait un phénomène du travail des enfants en Tunisie, parce qu’il n’y a pas réellement de données et de chiffres ». Mais, affirme-t-elle, les autorités ont « une réelle volonté » de cerner les données.
Dans cette optique, annonce Mme Zaghdoudi, « l’Institut national de la statistique (INS) va effectuer, normalement en mai, une étude auprès de 15.000 foyers, dont les résultats devraient être connus en septembre 2017 ».
La coordinatrice précise que «les secteurs les plus touchés par le travail des enfants en Tunisie sont l’agriculture, au niveau des fermes familiales, les petits ateliers de menuiserie, les garages de mécaniciens, les coiffeurs et également le travail domestique pour les petites filles».
De son côté le ministre Trabelsi a déploré que «100.000 enfants quittent l’école chaque année d’une façon prématurée, pour une raison ou pour une autre, surtout dans les régions rurales et ça touche principalement les filles et les jeunes filles… Il s’agit donc pour nous, a-t-il dit, de mettre en place les politiques adéquates, pour assurer la scolarisation des enfants au moins jusqu’à 16 ans comme le stipule la loi tunisienne».