L’ex-Premier ministre burkinabè, Luc Adolphe Tiao et 34 de ses ministres, dont l’ex-président Blaise Compaoré, sont cités à comparaître devant la Haute cour de justice de Ouagadougou ce jeudi, pour un procès spectaculaire sur la répression de l’insurrection de 2014 ayant conduit à la chute du régime Compaoré.
Les ministres sont poursuivis pour «complicité d’homicide volontaire et blessures volontaires », pour avoir participé « au Conseil extraordinaire des ministres du 29 octobre 2014 au cours duquel ils ont décidé de faire appel à l’armée pour réprimer les manifestants» contre la modification de la Constitution, qui devait permettre à Compaoré de briguer un nouveau mandat.
« Le Premier ministre, en signant la réquisition spéciale, a fourni aux forces de défense et de sécurité, les instruments et moyens qui leur ont permis de tirer à balles réelles sur des manifestants, occasionnant des coups et blessures sur 88 d’entre eux et sept décès », souligne l’ordonnance de renvoi. Clothilde Ky, ministre déléguée au Budget, et Yacouba Ouédraogo, ministre des Sports, qui n’avaient pas participé à ce Conseil des ministres, sont les seuls à échapper aux poursuites.
Tous les autres ministres ont été inculpés mais bénéficient de liberté provisoire avec interdiction de quitter le pays, à l’exception notable de Djibril Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères, écroué dans le cadre du putsch raté de septembre 2015. Ses proches estiment son incarcération injustifiée et demandent son hospitalisation.
Après 27 ans au pouvoir, Blaise Compaoré avait tenté de modifier la Constitution en 2013 pour briguer un cinquième mandat. Cette tentative avait marqué le début du soulèvement populaire, fatal à son régime. Au total, 33 personnes ont été tuées lors de ces manifestations, selon des sources officielles même si le procès ne concerne que 7 décès.
«Ce que nous espérons du procès, c’est la vérité et la justice (…), pour que le peuple burkinabè puisse repartir sur la bonne voie… Perdurer dans le mensonge, sans savoir qui a fait quoi (…), ne fera qu’enfoncer le Burkina Faso dans des troubles, alors que c’est ce que nous voulons éviter », a déclaré le porte-parole de l’Union des familles de l’insurrection populaire, Nébon Bamouni.