Le 1er mai, journée des travailleurs, a été marqué au Gabon par des accrochages entre forces de l’ordre et syndicalistes, lors d’une manifestation dans la capitale, Libreville.
Près de deux cents syndicalistes, membres de Dynamique unitaire (DU), une coalition de syndicats de plusieurs secteurs d’activité (éducation, santé, industrie, etc.) et fidèle à l’opposant Jean Ping, ont été chassés de la rue, par les forces de sécurité gabonaises, qui ont invoqué la loi d’«interdiction d’attroupement».
Ces syndicalistes voulaient saisir l’occasion de la fête des travailleurs, pour dénoncer la crise sociale dans le pays. Mais selon les autorités, leur manifestation était interdite, d’où la légitimité de l’intervention des forces de l’ordre. La coalition syndicale assure de son côté, qu’une lettre d’information avait été envoyée au Ministre de l’intérieur pour l’informer du rassemblement.
Avant que le mouvement ne soit dispersé, le président de la coalition syndicale, Jean-Rémy Yama, a fait un discours, dans lequel il a condamné « avec force, l’ampleur des violations des droits humains commises à l’encontre des syndicalistes gabonais et des citoyens de la société civile», dont l’interdiction par les autorités d’un syndicat enseignant et les «emprisonnements sans jugement» de plusieurs personnes.
La DU avait également décidé de boycotter la cérémonie et le défilé organisé pour l’occasion, par le gouvernement d’Ali Bongo Ondimba sur le Boulevard Triomphal de Libreville.
«Nous ne pouvons pas aller à la fête du travail organisée par le gouvernement, pour la simple raison que le gouvernement utilise la force», a déclaré le secrétaire général de Dynamique unitaire, Alain Pendi.
Pour le porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie By Nze, l’attitude des syndicalistes de la DU relève juste de la mauvaise foi. « Je ne sais pas où Dynamique unitaire fait entendre sa voix (…) Je ne sais pas s’ils sont allés vers le Premier ministre, vers le ministre du travail, ou vers d’autres membres du gouvernement, sans être entendus», s’est-il interrogé.
Le Gabon est toujours en proie à des tensions politiques, économiques et sociales, sept mois après la réélection contestée du président sortant Ali Bongo Ondimba.
Le dialogue politique engagé par le président Bongo, est en cours jusqu’au 10 mai prochain, mais il est boycotté par l’aile dure de l’opposition, fidèle à Jean Ping, arrivé deuxième au dernier scrutin présidentiel, et qui se proclame toujours président élu du Gabon.