Les soldats français soupçonnés de viols contre enfants mineurs en Centrafrique, ont été acquittés par la justice française, qui a prononcé dans cette affaire un «non-lieu», faute de preuves établissant leur implication.
Dans ses réquisitions en fin de semaine dernière, le parquet de Paris a reconnu qu’« il ne peut être affirmé (…) qu’aucun abus sexuel n’a été commis ». Mais il estime que «les incohérences» et «la variation des témoignages» ne permettent pas d’établir des faits circonstanciés et étayés à l’encontre des militaires.
L’affaire a été révélée en avril 2015, par le quotidien britannique « The Guardian », qui a fait état d’une note interne de l’ONU relatant les auditions de six garçons de 9 à 13 ans, qui accusaient des militaires français de les avoir violentés dans le camp de déplacés de l’aéroport M’Poko de Bangui. Des viols y ont également été commis en échange d’argent et de rations de nourriture, entre décembre 2013 et juin 2014, selon leur récit.
Dans leurs premiers témoignages à l’ouverture de l’enquête, les enfants «victimes» avaient donné des détails comme des surnoms ou des caractéristiques physiques des militaires, permettant de cibler une dizaine de possibles agresseurs.
Les juges français ont entendu de nouveau les enfants sur place à Bangui en 2015 et 2016. Mais ces auditions, menées longtemps après les faits, ont suscité des doutes. Devant des photos, un enfant a dit reconnaître son agresseur alors qu’il ne s’agissait pas d’un militaire. Un autre a reconnu avoir menti.
L’association partie civile ECPAT, qui lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants, avait demandé une expertise pour s’assurer que la parole des mineurs avait bien été prise en compte, mais les juges n’y ont pas fait droits.
L’avocat de l’ONG, Emmanuel Daoud a annoncé qu’il ferait probablement appel de la décision de la justice française, pour « établir les responsabilités et les culpabilités ».