L’Algérie a été pointée du doigt par un haut responsable de l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui, dans un rapport transmis ce mardi à l’organisation, dénonce les expulsions massives et manu-militari des migrants africains vers le Niger.
Dans son texte rédigé à l’issue d’une mission au Niger du 1er au 8 octobre 2018, Felipe Gonzalez Morales, rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’Homme et des migrants, raconte que «les migrants sont raflés à leurs domiciles en pleine nuit, sans même avoir le temps de s’habiller, de prendre leurs affaires et leurs économies ».
Ils sont emmenés dans des postes de police, «battus puis déportés par bus vers la frontière du Niger», où ils doivent marcher pour rejoindre la ville la plus proche. Nombreux de ces expulsés «vivaient et travaillaient depuis plusieurs années en Algérie, où leurs enfants étaient nés et scolarisés», s’est indigné M. Morales.
Selon les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), l’Algérie a expulsé vers le Niger, 35.600 Nigériens depuis 2014, dont plus de 12.000 depuis le début 2018, ainsi que plus de 8.000 migrants d’Afrique de l’Ouest depuis septembre 2017.
L’institution a critiqué à plusieurs reprises le traitement des migrants africains par l’Algérie, et notamment ces opérations de rapatriement forcé.
Dans son rapport, Morales appelle le gouvernement algérien à mettre fin à ces pratiques, qu’Alger avait pourtant niées en juillet dernier malgré les preuves matérielles (Photos, vidéos, témoignages des victimes) relayées par les ONG internationales.
Il a par ailleurs appelé le Niger à réformer sa loi contre le trafic de migrants votée en 2015, jugeant qu’elle pénalisait autant les migrants que les trafiquants.