L’assassinat d’un journaliste d’investigation ghanéen ayant participé à une vaste enquête sur la corruption dans le foot africain a suscité jeudi une vague d’indignation au sein de la presse locale et internationale.
Ahmed Husein, 34 ans, a été abattu mercredi soir par des hommes non identifiés alors qu’il rentrait chez lui en voiture à Accra, selon la police.
Le journaliste faisait partie de l’équipe de reporters infiltrés, dirigée par le célèbre journaliste Anas Aremeyaw Anas, qui a fait éclater l’an dernier un scandale de corruption et de matchs truqués, conduisant à de lourdes sanctions des instances internationales de football. Il a reçu des balles à la poitrine et au cou.
L’Institut international de la presse (IPI), qui regroupe des éditeurs et journalistes de plus de 120 pays, ainsi que le Comité pour la protection des journalistes, ont appelé le gouvernement ghanéen à «enquêter rapidement» sur ce crime et à «traduire les assassins en justice».
Même indignation du côté de l’Association des journalistes du Ghana, qui a appelé le chef de l’Etat Nana Akufo-Addo à «se saisir personnellement» de l’affaire, évoquant «un signal inquiétant indiquant que les médias sont sérieusement attaqués».
Dans la foulée, le président Akufo-Addo a condamné un «crime odieux». « J’attends de la police que les auteurs (…) soient arrêtés dans les plus brefs délais », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Le président de la fédération ghanéenne, Kwesi Nyantakyi, avait été filmé avec des «investisseurs» potentiels (des journalistes infiltrés) à qui il faisait miroiter de juteux contrats avec le gouvernement ghanéen, en échange de plusieurs millions de dollars. Il a démissionné de ses fonctions, après avoir été suspendu par la Fédération internationale de Football (Fifa).
Pourtant, les assassinats de journalistes sont rares au Ghana, classé 23e sur 180 pays dans l’indice mondial 2018 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF).