Les détournements de fonds publics par les élites et les régimes africains sont hélas de notoriété publique. Ce qui l’est moins par contre c’est leur ampleur. Ainsi, le président du CADTM (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde), le belge Eric Toussaint, a déclaré jeudi passé à Dakar que les sommes détournées en Afrique et placées sous forme de liquidités dans les banques occidentales valent trois fois le montant de la dette publique extérieure contractée par tous les gouvernements du continent, soit 134 milliards de dollars US. Les banques ou les pays où ces fonds mal acquis sont logés font des affaires avec. Et l’argent détourné est réintroduit en Afrique sous forme de prêts par les pays Occidentaux.
Plusieurs moyens existent pourtant pour solutionner ce problème. Par exemple, le droit international a mis en place des procédures pour rapatrier l’argent détourné déposé à l’étranger. Grâce à elles, le Nigéria a pu rapatrier l’argent détourné par son ancien président, Sani Abacha. Un autre moyen consiste pour les gouvernements africains à procéder à l’audit de leurs dettes extérieures publiques contractées auprès des institutions financières internationales pour évaluer le pourcentage de leur dette illégitime. En effet, il existe un élément de jurisprudence internationale établi et applicable à toute dette résultant d’emprunts accordés à des régimes despotiques et à des gouvernements qui utilisent les fonds à des fins d’oppression des citoyens ou d’enrichissement personnel. Selon cet élément de jurisprudence, les créanciers ne peuvent légitimement exiger le remboursement de dettes lorsqu’ils savent que les fonds sont utilisés d’une manière contraire aux intérêts des peuples.