Les conflits fonciers ne sont pas rares au Burundi. Ils découlent des diverses guerres entre ses ethnies, difficultés toujours courantes dans ce pays. Cette gangrène a, à nouveau, atteint Bujumbura mardi dernier. Ces violences ont opposé les forces de l’ordre et des jeunes gens d’un quartier à majorité tutsi.
Tout a commencé par la tentative d’expulsion d’une famille de son domicile habituel. Celui-ci aurait appartenu à un propriétaire issu de l’ethnie hutu, la rivale historique de celle des tutsi. Ce dernier aurait été injustement démis de sa propriété quatre décennies auparavant au profit des occupants actuels, que les jeunes du quartier voulaient protéger de toute injustice. Le groupe en renfort s’est donc massé, en centaines de personnes, en direction de la maison convoitée.
Le chemin qui y menait était déjà rempli de policiers, lesquels s’attendaient certainement à une résistance populaire. Très vite, la situation a dégénéré : aux pierres lancées par la foule, les forces de l’ordre ont été obligées de riposter par des tirs en l’air et des bombes lacrymogènes. Bilan : une vingtaine d’arrestations et une dizaine de blessés du côté des civils ; quant aux policiers, quatre s’en sortis avec des blessures. Malgré tout, le responsable de la Commission nationale des terres et autres biens a rétrocédé la propriété de la maison aux descendants hutus, au détriment de la famille tutsi.
Dans un environnement très hostile, c’est à se demander comment les nouveaux maîtres de la demeure pourront assurer la sécurité. D’autant plus que certains jeunes gens du quartier, finalement repoussés par la police, soutenaient que la réconciliation interethnique est inenvisageable au Burundi. Vu sa récurrence, cette question mérite d’être pensée plus en profondeur par les autorités burundaises.