Si la confusion règne encore sur l’identité des auteurs de l’attaque meurtrière menée à Sévaré, dans le centre du Mali, de nouveaux éléments éclairent peu à peu la piste des enquêteurs maliens.
Le centre du Mali, nouvelle poudrière pour Bamako ? Près de deux mois après la signature des accords de paix pour la pacification du nord du pays, et presque deux ans jour pour jour après l’élection d’Ibrahim Boubacar Keïta à la présidence, l’attaque meurtrière de Sévaré montre que l’insécurité s’étend progressivement à l’ensemble du territoire.
L’attaque a commencé vendredi 7 août à l’aube, lorsqu’une vingtaine d’assaillants sont entrés dans Sévaré. Venus à pied et à moto, les assaillants ont d’abord tenté d’attaquer une caserne militaire de la ville. Face à la résistance des soldats maliens, ils se sont rabattus sur l’hôtel Débo, avant de cibler un établissement très fréquenté par les expatriés, l’hôtel Byblos, où la Minusma (la Mission de l’ONU au Mali) a établi ses quartiers.
La prise d’otage s’est poursuivie toute la journée. Les soldats maliens ont effectué un ratissage de la ville, conduisant à sept arrestations, a appris Jeune Afrique. Les troupes de l’opération française Barkhane ont ensuite appuyé les Forces armées maliennes (Fama), dans une longue opération de riposte, achevée dans la nuit de vendredi à samedi. Quatre otages, qui s’étaient cachés des assaillants, ont pu être libérés.
Selon un dernier bilan, treize personnes sont mortes lors de l’attaque, a indiqué dimanche le gouvernement malien. Parmi les victimes, quatre soldats des Fama, mais aussi cinq contractuels de la Minusma. Il s’agit « d’un chauffeur malien, d’un Sud-Africain, de deux Ukrainiens et d’un Népalais », précise le communiqué.
Côté assaillants, « quatre terroristes » ont été tués lors de l’opération de riposte, ajoute encore le gouvernement.« De forts soupçons pèsent » sur le Front de libération du Macina (FLM), a affirmé une source militaire.
Ce groupe armé terroriste, né en janvier 2015 et lié à Ansar Eddine, a déjà revendiqué plusieurs attaques contre les forces de sécurités maliennes dans le sud du pays. L’ONG Human Right Watch assurait ainsi en avril que le groupe avait commis « de graves abus au cours d’opérations armées » contre les soldats maliens.
Mais l’enquête pourrait également se tourner vers le groupe Al-Mourabitoune conduite par l’Emir algérien, Mokhtar Belmokhtar. Un communiqué signé par l’organisation terroriste et revendiquant l’attaque de Sévaré a été reçu par Al-Jazira et l’Agence de presse mauritanienne Alakhbar. Un document qui n’avait pas encore été authentifié lundi dans l’après-midi.