Les professionnels des médias burundais s’indignent actuellement face aux initiatives du gouvernement tendant à réduire leurs champs d’action. La pilule difficile à avaler pour ce corps de métier est le nouveau projet de loi sur la presse, que le gouvernement vient de soumettre pour adoption au parlement. Le premier reproche que ceux-ci adressent aux autorités est le fait d’avoir totalement été mis à l’écart lors des consultations relatives à l’élaboration du projet de loi. Selon la maison de la presse burundaise, c’est la première fois depuis l’aire démocratique, que le gouvernement choisit de se passer des avis du corps médiatique pour un projet de loi dont il fait l’objet. Voila pourquoi cette attitude a été considérée suspecte et que les journalistes du pays ont réagit avec véhémence contre ce qu’ils estiment être un nouveau moyen pour les museler. A en croire le président de l’Union des journalistes burundais, l’organisation a connu une forte désillusion en ayant accès au contenu du projet de loi. Au lieu d’apporter des corrections positives sur la dépénalisation des délits de presse, ce document apporte plutôt une litanie de sanctions représentant près de 30% des 72 articles proposés. Selon certains spécialistes du droit de presse dans le pays, les textes de 2003 répondent mieux aux libertés des médias que ce projet de loi.
Après les avancés de 2003 tels que l’aide publique aux média, la protection des ressources ou le respect des clauses confidentielles, une loi donnant un pouvoir de sanction démesuré au Conseil National de la Communication serait une forte régression. Au parlement, des voix laissent entendre que se projet de loi peut toujours être amendé.